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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 21:15
La laïcité est-elle une idée dépassée?

Débat. L’utilisation du mot par la droite, conduit certains à rejeter l’indispensable combat laïque.

Voici quelque temps, s’est tenue à Perpignan une réunion sur la laïcité, avec la participation de Claude Askolovitch. Celui-ci, journaliste et écrivain, a donné au quotidien local une interview qui mérite réaction. A partir du constat de l’exclusion que subissent certaines populations, il fait de la question religieuse le centre du problème et de la «laïcité», l’ennemie. A l’instrumentalisation par la droite et l’extrême droite, il répond en qualifiant la laïcité d’«imbécillité politique». Pire encore, ceci conduit à mettre en cause la République et la démocratie. Comme le souligne de son côté Francis Daspe (responsable du Parti de Gauche) dans une tribune "Perpignan a un besoin urgent de laïcité": «La laïcité est un principe universaliste aux multiples vertus: elle garantit la liberté, stipule l’égalité et fonde la souveraineté populaire. Surtout elle met à distance tous les intérêts particuliers, qu’ils soient cléricaux, marchands ou consuméristes. Elle est l’antidote à toutes les formes de communautarisme et de clientélisme qui gangrènent le vivre-ensemble à Perpignan.» La laïcité n’est pas un combat contre les religions, mais pour la liberté de conscience. Comme l’expliquait l’historien Jean-Paul Scot à la fête de l’Humanité, la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, stipule (article 1): «La République garantit la liberté de conscience.» et il commentait: «L’article n’évoque pas la liberté de religion car, en France, dans la tradition des Lumières, la liberté de conscience est la première des libertés. La liberté de religion ou de pensée ne fait qu’en découler.»

La laïcité est plus que jamais d’actualité

Comme l’analyse Pierre Dharréville dans un ouvrage paru récemment (1), l’intégration suppose l’existence d’une communauté nationale amarrée à des règles de vie établies, d’une identité immobile et d’une histoire à laquelle les nouveaux arrivants devraient s’intégrer sans la modifier. Nous sommes des êtres en mouvement, produits d’une histoire sociale. «L’homme, écrivait Marx, c’est le monde de l’homme.» Nos sociétés elles-mêmes sont inscrites dans ce processus. Pierre Darrhéville élargit le propos, derrière le combat laïque, il y a d’abord le combat pour donner le pouvoir et la liberté au peuple: «Fondamentalement, la laïcité établit le principe selon lequel le pouvoir doit appartenir au peuple, rien qu’au peuple.» Avec les trois piliers que sont la liberté de conscience, l’égalité de droit et le vivre-ensemble, nous pouvons «donner à la laïcité une dimension extrêmement progressiste et lui rendre son sens révolutionnaire». Lutter contre les intégrismes demeure d’actualité. Mais nous devons mener le combat laïque sur le plan d’un nouvel essor de la démocratie. Si nous voulons que le pouvoir du peuple s’exerce, des transformations radicales sont à opérer. «Aujourd’hui, c’est une petite oligarchie qui exerce ce pouvoir. Elle ne le fait pas au nom d’une religion, mais au nom de l’idéologie du marché, une pseudo religion avec ses temples et ses divinités!».

(1) Pierre Darrhéville «La laïcité n’est pas ce que vous croyez», Éditions de l’Atelier, 2013.

Michel Gaspon

article paru dans le TC du 7 février 2014

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